J’avais écrit un édito pour le #SocialSellingForum de Vannes qui essayait de montrer, en me concentrant sur les racines du « selling », qu’on vendait beaucoup par le sens qu’on donnait à l’achat. Seulement le forum devait se tenir mi-mars, et le contexte a changé. C’est un contexte qu’on associe tous à celui d’une crise, sanitaire bien sûr mais avec des conséquences économiques effroyables également. On ne peut pas encore mesurer le rayon de l’impact qu’elle aura, ni sa durée. Une certitude cependant c’est qu’elle affecte et affectera chacun d’entre nous.
Alors le social selling, aujourd’hui, présente des enjeux de l’ordre du sens propre du mot extraordinaire. Je suis plume de dirigeants. Les sujets sur lesquels j’interviens aujourd’hui pour mes clients sont centrés sur les mots qu’ils utilisent dans ce chaos variable que les entreprises vivent. Variable car selon les secteurs et les reins financiers des entreprises, le désastre s’applique plus ou moins complètement.
Il y a deux notions principales qui me viennent en tête pour décrire les discours des dirigeants d’aujourd’hui : l’accord et les figures.
J’ai l’habitude de le dire, mais le mot discours s’applique à beaucoup de choses. On parle de relations publiques bien sûr mais de discours commercial, de discours RH aussi…en réalité, toute somme de mot à vocation d’impact est un discours. Vous avez un discours LinkedIn par exemple.
L’accord, pour commencer.
L’accord, c’est un terme musical. Je le prolonge par le mot résonnance. Quand on écrit ou quand on se filme aujourd’hui on doit entrer en résonnance avec le contexte. C’est quelque part en termes d’allocutions quelque chose sur lequel on peut se reposer. Tout le monde est concerné, la population entière détient une grande part de l’information qui constitue un contexte partagé.
Je m’explique sur l’expression «se reposer sur le contexte. »
Dans les temps ordinaires, la maîtrise de la réception d’une annonce ou d’une prise de position que l’on communique est un enjeu relativement difficile car les audiences disposent d’informations assez éclatées. Aujourd’hui, il y a un contexte auquel chaque personne dans le monde peut se rattacher.
L’accord donc s’entreprend plus facilement qu’en temps normal. Mais il est en même temps plus exigeant. On ne peut pas se permettre aujourd’hui de le nier, ni même de ne pas le prendre en compte dans sa communication et son commerce. Les conséquences de la fausse note seraient catastrophiques. Il est question de ton, des informations communiquées, de posture et de démarche. Et les mots qui les servent sont précieux.
Pour finir sur l’accord je dirais qu’il ne faut pas sous-estimer la force des silences aujourd’hui. Se taire en temps de crise c’est investir sur la portée des annonces essentielles dont le poids sera renforcé. L’expression parler peu parler bien est d’actualité.
C’est assez inédit pour moi qui sert mes clients par les mots de quelques fois leur conseiller de ne rien dire, mais c’est le cas.
Il y a un autre point important. Les crises font émerger de nouvelles voix. Il existe un leadership de crise. Un contexte où toutes les cartes sont rebattues constitue une réelle opportunité pour tous. Sans entrer dans le détail de la théorie de la crise, il s’associe au terme de révolution, c’est-à-dire que l’ordre précédemment établi change, et que les rouages mêmes sont transformés.
Donc la crise est une opportunité de se révéler. Je parle de leadership mais on peut aussi parler de figures de crises, à n’importe quelle échelle. Chacun, à son échelle, peut constituer une figure de crise. Et son visage, sa voix et son activité sortiront renforcés de l’ordre révolutionné.
J’abordais au début de ce texte la variabilité du ressort des entreprises dans la crise selon leurs situations financières et leur secteur économique. La capacité à se révéler dans la crise intervient aussi dans l’augmentation de la résistance d’une entreprise au contexte.
Un nouvel ordre, une nouvelle voix : se révéler dans la crise
On ne peut rien prédire aujourd’hui. On parle des jours d’après mais les scenario manquent d’information. La prédiction alors que la situation change est difficile. En revanche on peut renforcer son adaptation. On s’adapte. On s’adapte chaque jour quasiment : nos offres, nos services, la manière de les rendre etc…Et si cela peut paraître filant, on peut en faire du solide pour la suite. On peut d’ores et déjà construire un terrain qui nous est propre et qui révèle notre force dans l’adversité. Cela passe par des positions, par des dialogues, par votre voix « élevée » et « portée » dans le chaos.
Je voudrais donc finir sur une note positive.
Tout a changé mais vous êtes la même personne. Vos qualités, vos difficultés, votre manière de les entreprendre sont les mêmes. Il y a un élan dans des cartes rebattues, il y a une occasion. Je dis souvent à mes clients que j’entreprends les mots comme eux prennent leurs décisions. Avec votre discernement, votre mesure, votre pensée et vos actes accordés, vous pouvez vous prolonger dans cette crise, étendre votre rayonnement, vous augmenter quelque part.
Je nous souhaite à tous beaucoup de courage.
Caroline Morlat, Fondatrice, Directrice Générale, Opération CYRANO